(1800-1875)

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Né en 1800 à Saint-Flour en Auvergne de parents commerçants, Jacques-Paul Migne gagne en 1817 le séminaire d'Orléans. Il est ordonné prêtre en 1824 et nommé à Puiseaux, dans le Gâtinais. Engagé dans la défense de l'Eglise après la Révolution de 1830, il part à Paris en 1831 pour fonder, rue des Fossés-Saint-Jacques, le quotidien L'Univers religieux, qui paraît pour la première fois en 1833 et qu'il doit quitter en 1836. En 1846, il fonde un autre journal, La Voix de la Vérité, qui en 1860 fait place au Monde, lequel à son tour s'unit à l'Univers.

Du journalisme, Migne passe à l'édition : le premier volume de la Bibliothèque universelle du clergé et des laïques instruits ou Cours complets sur chaque branche de la science ecclésiastique et humaine paraît en 1837. Fondant les "Ateliers catholiques" au Petit-Montrouge (à l'angle de l'actuelle rue Thibaud et du n°189 de l'actuelle avenue du Maine), Migne devient également imprimeur, comptant de trois cents à six cents employés. Un, puis trois volumes in-4° sont imprimés chaque semaine, après cinq jeux d'épreuves – une prime de 25 centimes étant promise aux correcteurs "par chaque faute qu'ils découvriront dans n'importe lequel de nos volumes surtout dans les grecs". Chaque volume in-4°, gros d'un millier de pages à deux colonnes, valait 5 francs – 8 pour les grecs. Jalousé par la concurrence, Migne est tout à la fois suspendu et encouragé par sa hiérarchie. En tout, plus de mille volumes, d'un tirage allant de 1000 à (plus souvent) 10 000 exemplaires, paraissent en 30 ans : c'est "la plus grande entre prise qui ait jamais été conçue depuis l'invention de l'imprimerie" (Firmin-Didot).

De fait, la production de Migne est impressionnante. Elle comprend une trentaine de séries d'oeuvres complètes, dont Saint Augustin (15 vol., 1842) et Jean Chrysostome (9 vol., 1842), plus une trentaine d'éditions hors collections. La Bibliothèque universelle, principale collection, comprend :
- le Scripturae sacrae cursus completus (28 vol. in-4°, 1837-1845), complété par un vol. d'Atlas
- le Theologiae cursus completus (28 vol. in-8°, 1837-1845)
- les Démonstrations évangéliques de Tertullien, Origène, etc. (20 vol. in-8°, 1842-1853)
- l'Encyclopédie théologique (52 vol. in-8°, 1844-1859)
- l'Encyclopédie théologique Nouvelle série (53 vol. in-8°, 1851-1859)
- l'Encyclopédie théologique Troisième et dernière série (66 vol. in-8°, 1855-1866)
- la Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés 1ère série (67 vol. in-8°, 1844-1856)
- la Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés 2ème série (23 vol. in-8°, 1856-1866)
- le Patrologiae latinae cursus completus (221 vol. in-4°, 1844-1864)
- le Patrologiae graecae cursus completus (161 vol. in-4°, 1857-1866)
- la Patrologie grecque en traduction latine seulement (85 vol. in-4°, 1856-1861)

 

La Patrologie latine comprend 217 volumes (représentant 297 567 pages et 2 614 auteurs), plus quatre volumes de Tables; le cinquième fut englouti dans l'incendie qui ravagea en totalité les Ateliers le 12 février 1868. C'est à cause de cet incendie que le 162e et dernier volume de la Patrologie grecque (235 724 pages en tout), n'est jamais paru, sauf en traduction latine. Migne est mort quelques années plus tard, en 1875.

Sur l'incendie, voir le dossier de presse de l'époque mis en ligne par Albocicade.

Bibliographie :

  • A. G. Hamman, Jacques-Paul Migne. Le retour aux Pères de l'Église, Paris, Beauchesne, 1975
  • A. Mandouze - J. Fouilheron (éd.), Migne et le renouveau des études patristiques, Paris, Beauchesne, 1985.
  • C. Langlois – F. Laplanche (éd.), La science catholique. L'« Encyclopédie théologique » de Migne (1844-1873) entre apologétique et vulgarisation, Paris, Éd. du Cerf, 1992, not. F. Laplanche, « L'Encyclopédie théologique : échec ou réussite ? », p. 237-242
  • C. Langlois, « Les cent titres de l'Encyclopédie théologique. Présentation bibliographique », p. 245-252
  • C. Chauvin, L'abbé Migne et ses collaborateurs (1800-1875), DDB, Paris, 2010.